Mithra
Mithra ou Mithras est originellement un dieu indo-iranien, fils d'Anahita. Son culte connut un important développement dans la Rome antique aux Deuxième et Troisième siècles de notre ère.
On possède peu d'éléments sur le contenu du mithraïsme et les valeurs qu'il véhiculait. À l'heure actuelle, on estime que les notions d'amitié et de loyauté étaient primordiales. Seules deux scènes de la geste de Mithra sont actuellement bien connues et identifiées : sa naissance et la tauroctonie.
Mithra, qui s'est créé lui-même à partir de la roche (ce qui explique l'emploi à son sujet de l'adjectif pétrogène), est à la foisprimogenitus et autogenitus. Cette scène est représentée sur de nombreuses statues.
La tauroctonie est sans conteste la scène la plus représentée dans les sanctuaires du dieu, qu'il s'agisse de sculptures, de bas-reliefs ou de fresques. Il semble qu'après avoir chassé le taureau, Mithra l'ait rattrapé et tué. Le sacrifice du taureau serait à l'origine de la vie, le sang de l'animal fertilisant la terre.
Le mithraïsme est un culte à mystères. Le fidèle devait subir une initiation pour être pleinement accepté parmi les plus fervents fidèles. Ce type de culte, contrairement à ce que l'on a longtemps cru, n'est pas d'origine « orientale » mais grecque.
Le secret du mystère laisse pour nous dans l'ombre de nombreux aspects des cérémonies et de l'enseignement. Comme tous les cultes à mystère, l'initiation assurait aux fidèles la vie éternelle après une régénérescence.
Il y avait une période de noviciat, pendant laquelle on enseignait quelques éléments du culte, puis venait l'initiation, qui comprenait diverses épreuves et le taurobole, sacrifice du taureau au-dessus de l'initié, qui recevait le baptême du sang régénérateur
"Tu nous sauvas en répandant le sang donneur d'éternité"
dit une inscription du mithraeum de Sainte-Prisque à Rome. Il y avait ensuite sept degrés d'initiation :
- Corbeau (Corax),
- Epousé (Nymphus),
- Soldat (Miles),
- Lion (Leo),
- Perse (Perses),
- Héliodrome (« Courrier du Soleil »),
- Père (Pater).
On connaît assez mal les divers rites, mais nous savons qu'on faisait des offrandes au dieu et qu'on participait à des banquets rituels. Les initiés étaient en général des hommes, mais il semble que certaines communautés aient accepté des femmes.
Dans l'interprétation qu'en donnent les Romains, le mithriacisme repose sur une conception mythique de l'histoire de l'univers.
A l'origine, un dieu, Saturne, sort du chaos. Puis il désigne un successeur, Jupiter, à qui il remet l'insigne du pouvoir absolu : la foudre.
Pour combattre le mal, présenté sous la forme d'une sécheresse qui détruit la vie, naît Mithra, qui surgit d'un rocher tenant une torche et un glaive.
C'est à lui de veiller sur l'ordre du monde, d'assurer sa survie en luttant contre les esprits mauvais, en le sauvant de la sécheresse, de la soif, de la mort des troupeaux ; il va en effet procurer l'eau en faisant miraculeusement jaillir une source d'une paroi rocheuse.
Puis il se met à la poursuite du taureau dont le sacrifice redonnera au monde la force vitale. Il capture la bête, la maîtrise et l'égorge dans une caverne, comme il en a reçu l'ordre du Soleil, par l'intermédiaire d'un corbeau messager.
Les représentations romaines de cette scène sont très nombreuses : Mithra est vêtu d'un bonnet perse, d'un pantalon phrygien. Il est figuré en pleine action, dans une scène très dynamique, où le vent gonfle son manteau.
Autour du dieu et du taureau sacrifié, on note la présence d'autres animaux, un chien, un serpent ; un scorpion (ou/et un crabe) mordent les parties génitales du taureau - autant de figures et d'actes symboliques. Le sang qui jaillit de la blessure, comme le sperme de l'animal, sont des principes vitaux qui vont permettre la régénération du monde.
Cette victoire est célébrée par un grand banquet où sont présents le Soleil et Mithra. Ce dernier, devenu Sol invictus, Soleil à la fois invaincu et invincible, monte vers le ciel en char solaire. Le mythe semble alors faire apparaître la prédominance de Mithra sur le Soleil.
Mithra est souvent accompagné, dans l'iconographie, par le Soleil et la Lune, placés de part et d'autre du dieu. Deux personnages sont également présents : Cautès, placé à gauche, sous le Soleil, porte une torche levée, et Cautopatès, à droite, sous la Lune, baisse la sienne vers le sol. L'un est le soleil levant, l'autre le soleil couchant, Mithra occupe la place intermédiaire : il tient symboliquement une position médiane.
Ces figures renvoient au déroulement du temps et rappellent l'importance des astres, et, par delà, de l'astrologie dans la religion mithriaque, où ils jouent un rôle positif.
Tu nous sauvas en répandant le sang donneur d'éternité